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« Parler de celui-ci, de celui-là, n’est-ce pas égal ? Sur cette terre, chaque être vivant est digne d’attention. », ainsi s’ouvre Les songes de Tchang.
Et ce sera ici donc lui, Tchang, vieil ivrogne chien somnolant, compagnon canin de son maître, le capitaine, qui lui sert sa vodka, et avec lequel, six années durant, « il lia sa vie terrestre ».
En cette vie-là de chien, dormir est un passe-temps. Demain, quel demain ? Autant se rendormir, et de l’échappée belle du rêve trouver à s’évader. La phrase de Bounine ici s’étire — passé de ce côté du miroir —, entre « les yeux de la mémoire » par lesquels Tchang voit encore le capitaine et les yeux du rêve lui-même, sous l’espèce d’un flash-back cinématographique, où Tchang nous apparaît sur le pont d’un bateau, « sur un large fleuve de Chine ». Il était une fois un jeune chien roux qui eut pour premier maître un Chinois qui le vendit à un jeune capitaine russe, et qui partit avec lui pour finir à Odessa… D’un bord à l’autre, l’un dans l’autre, le souvenir et le rêve.
(Présentation d’après la postface © La Barque)
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